La scène musicale électronique française est plongée dans une vague de mélancolie depuis samedi matin. DJ Célélé, de son vrai nom Célestine, s’est battue courageusement contre une longue maladie avant de s’éteindre à l’âge de 31 ans. Même si ses proches craignaient son départ, celui-ci laisse un vide immense qu’aucune ligne de basse ne pourra jamais combler. Son influence perdure cependant, et sa mémoire continuera de briller très longtemps au rythme des clubs qu’elle a fait vibrer, à l’image d’un vinyle qui continue de tourner même après le dernier battement.

Elle était plus qu’une simple DJ, elle faisait partie des rares artistes capables de faire chanter les cœurs et les murs. Elle offrait un moment de grâce à chaque set, un moment où les corps se libéraient, où le temps s’arrêtait et où son énergie était manifestement intense. Après avoir suivi une formation en chant classique à l’Opéra de Lyon dès son plus jeune âge, elle s’est tournée vers l’électro avec une sincérité désarmante, créant un univers sonore qui lui ressemblait beaucoup : incroyablement libre, joyeusement chaotique et profondément humain.
Nom complet | Célestine (alias DJ Célélé) |
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Date de naissance | 1993 (approximative) |
Lieu de naissance | Lyon, France |
Décès | 13 avril 2024, à l’âge de 31 ans |
Ville d’adoption | Rennes, Bretagne |
Formation initiale | Maîtrise de l’Opéra de Lyon |
Genres musicaux | Global Club, reggaeton, afrobeat, techno, bass music |
Collectifs | Limbo Soundsystem, 35 Volts, Astropolis |
Scènes marquantes | Nuits Sonores, Transmusicales, Astropolis, Château Perché, Le Sucre |
Référence | Astropolis – Hommage à DJ Célélé |
Une énergie créative contagieuse et une grande humanité
Sa carrière a décollé en 2018 avec Limbo Soundsystem, un groupe dont les frontières musicales sont volontairement floues. Elle s’y est liée d’amitié avec Cardozo et Frutos Domar, qui partagent tous deux une vision généreuse de la musique, privilégiant l’énergie à la perfection et l’authenticité à la technique. Son style brouille les frontières et crée de nouveaux territoires sonores avec son kaléidoscope d’éléments reggaeton, afrobeat, baile funk, breakbeat, acid et jungle. Ses mixages étaient imprévisibles mais toujours brillants, à l’image d’un feu d’artifice méticuleusement préparé.
Elle était une figure majeure de la scène locale et était basée à Rennes. Elle vivait et respirait la musique, était membre d’un collectif et croyait au partage de ses connaissances. Elle participait activement au festival Astropolis et était résidente du 35 Volts. Célélé avait un talent remarquable pour unir les gens sans jamais les dominer et pour briller sans jamais écraser les autres. Ses sessions en tête-à-tête avec Blanca Brusci, Neida et GEG étaient toujours très équilibrées et témoignaient d’une générosité artistique hors du commun.
Une vie brève mais une aura éternelle
Célélé a partagé un message sincère depuis son lit d’hôpital début mars. Elle y précisait qu’elle avait enregistré un mix « dans des circonstances quelque peu inhabituelles » pendant son séjour à l’hôpital. Son désir de remonter sur scène était évident et presque inspirant. Son état d’esprit était parfaitement résumé par cette vision avant-gardiste et sa détermination à choisir la lumière plutôt que les ténèbres. Ce message en apparence anodin résonne aujourd’hui comme une puissante expression d’espoir.
En quelques années, elle avait dominé les scènes les plus prestigieuses de France, notamment Les Nuits Sonores et Les Transmusicales, ainsi que Warehouse à Nantes, Le Sucre à Lyon et La Rotonde à Paris. Son nom s’était répandu comme une promesse : celle d’une fête vécue à fond, d’une piste de danse enflammée, d’un moment figé dans le temps. Cette promesse n’est pas annulée par sa mort. Elle la rend plus durable.
Un héritage musical électronique qui perdure
Les hommages affluent depuis l’annonce de sa mort. Une chose ressort clairement de tous les témoignages : DJ Célélé représentait une génération d’artistes très libres, ouverts d’esprit et influencés par des sources très diverses. Elle était la fière représentante d’une scène qui rejette la standardisation, valorise la transmission et célèbre la culture locale.
Elle a semé des graines grâce à son dévouement. Dans un environnement encore trop dominé par les hommes, elle a donné confiance à d’autres femmes. Elle a offert une tribune à des styles souvent sous-représentés. Et elle a fait tout cela avec une générosité authentique, presque naturelle. Célélé n’avait pas l’intention de marquer l’histoire. Son seul objectif était de faire danser les gens. Et chaque battement qu’elle a laissé derrière elle portera toujours l’empreinte de ce désir, porté avec tant de vigueur.
Continuons à danser en son honneur et en signe de gratitude
La musique continue même si elle n’est plus parmi nous. Bien au contraire. Nous préservons ce qu’elle représentait en assistant à ses performances, en programmant ses chansons et en rendant hommage à la scène qu’elle chérissait. Célélé, la DJ, était un phare. Elle se transforme aujourd’hui en constellation, brillante, subtile et omniprésente.